La réouverture des lycées professionnels est annoncée pour le 2 juin prochain. Comme nous l’avons fait pour les écoles et les collèges, nous dénonçons cette réouverture qui va à l’encontre des préconisations du Conseil scientifique censé orienté, rappelons-le, les décisions du gouvernement. Avec un virus qui continue de circuler de manière active, avec l’apparition de clusters qui se multiplie, nous considérons que tous les efforts doivent être portés sur la rentrée de septembre. Cette rentrée doit être pensée avec la présence du Covid-19 : aménagements pédagogiques, augmentation des personnel.le.s, baisse des effectifs des classes notamment.
Le confinement a fait éclater au grand jour la réalité sociale des élèves de lycée professionnel
Le confinement a eu des effets dramatiques sur beaucoup de nos élèves notamment en terme d’apprentissage des gestes professionnels et de décrochage scolaire, sans parler de l’inégalité d’accès et maitrise de l’outil informatique. Les élèves des lycées professionnels ont été les premières victimes des inégalités scolaires et sociales. Malgré un travail acharné de toutes les équipes sur le terrain (enseignant.e.s, personnel.le.s de santé et sociaux) beaucoup de nos élèves ont dû surmonter des difficultés extrêmes : problèmes liés à l’équipement numérique (nos élèves sont souvent équipé.e.s que de smartphone au crédit limité), problème de logement, d’accès à l’alimentation, problèmes liés au handicap.
Les lycées professionnels accueillent les élèves les plus fragiles de notre système scolaire (ULIS, CAP d’insertion, UPE2A…) le tout avec le moins de moyens humains (les professeurs ont des doubles casquettes : professeur.e.s de Lettres et Histoire, professeur.e.s de Mathématique et Science par exemple) et le moins de moyens matériels. Par ailleurs, la réforme de la voie professionnelle, mise en place au pas de charge par le Ministre de l’Éducation nationale depuis cette année, n’a fait qu’augmenter et confirmer la baisse de ces moyens en plus de renforcer l’appauvrissement des savoirs transmis. Ainsi, aux problèmes sociaux et scolaires, c’est donc l’enseignement même découlant de cette réforme qui est aujourd’hui défaillant n’offrant qu’une formation médiocre pour les emplois qui ne seront que plus précaires.
Le déconfinement
L’enjeu social d’une reprise des cours est important. Toutefois, il ne peut justifier que des élèves soient mis en danger et par conséquent leurs familles également, dont beaucoup sont déjà surexposées au risque épidémique car exerçant des professions dîtes de « première ligne ». Avec un système hospitalier à bout de souffle, on ne peut prendre le risque de voir déferler une nouvelle vague épidémique dans notre pays. Toutes les conditions sanitaires pour l’éviter doivent s’imposer. Il s’agit là d’un préalable à toute reprise. D’ailleurs, nous savons malheureusement que ce sont les familles des classes populaires, dont sont issus une grande partie de nos élèves, qui en seront les premières victimes.
La reprise du 11 mai dans le 1er degré puis celle du 18 mai dans les collèges nous donnent raison. Dans de nombreuses écoles et collèges l’épidémie a fait son retour et de nouveaux clusters sont apparus. Les protocoles sanitaires sont insuffisants (masques inneficaces, manque de protection telles que les visières, les surblouses…). Ils sont aussi anxiogènes et maltraitants pour les élèves. Il nous paraît impensable de faire endurer cela à nos élèves. Nous ne pouvons pas, pour quelques jours de cours, mettre leur vie et celles de leurs familles encore plus en danger. Cette situation va aussi renforcer des phobies scolaires déjà fortement présentes en lycée professionnel. Le message est donc très clair : Pas de rentrée avant septembre !
Annulation des PFMP
Le Ministre de l’Éducation nationale a décidé d’annuler les PFMP pour cette année scolaire. Cette crise, qui risque de durer, va considérablemet augmenter les difficultés de nos élèves dans la recherche de lieux de stage. Il est donc nécessaire qu’une loi soit écrite pour obliger les entreprises à accueillir des stagiaires au pro-rata de leurs masses salariales.
Enseignement à distance : le ministère doit prendre en charge financièrement nos frais !
La crise actuelle est révélatrice de ce que nous connaissons déjà et que nous avons accepté depuis trop longtemps : payer de notre poche nos outils de travail ! Nous considérons que notre matériel informatique et nos frais de connexion doivent être pris en charge par notre employeur. Cela se fait déjà dans de nombreuses entreprises du secteur privé et de services publics, rien ne justifie que cela ne s’applique pas aux personnel.le.s de l’Éducation nationale !
Par ailleurs, l’État doit équiper chaque élèves du Second degré d’un ordinateur afin de répondre aux défis que nous a posé cette crise sanitaire. L’informatique, quoi que l’on en pense, est aussi vecteur d’inégalité quand nos élèves sont dans l’impossibilité d’y avoir accès. Il s’agit, à l’évidence, d’une mesure de justice sociale.
Enfin, durant le confinement, période intense de télétravail, nous avons mené une enquête auprès de nos collègues sur les conditions de travail. Il est ressorti de cette dernière, pour une très large majorité de personnes (60% des personnes qui ont répondu) que le temps de travail avait explosé. Nous notons d’ailleurs que notre employeur n’a fait aucune évaluation de ce temps de travail, ni des risques psycho-sociaux qu’il implique.
Reprise en atelier et en classe : pas dans n’importe quelles conditions !
Le préalable à toute reprise de l’enseignement professionnel doit être la garantie optimale contre les risques de contamination d’une pandémie qui a dors et déjà fait plus de 28 000 morts. Ainsi, des équipements de protection adaptés doivent être mis à la disposition des élèves et des personnel.le.s (masques de type FFP2, visières, gants, surblouses…). D’autre part, la désinfection des locaux et des espaces de travail doit être régulère, ce qui suppose la présence d’agents territoriaux en nombre suffisant et bien protégés eux aussi. L’adaptation des effectifs des classes est aussi un enjeu non négociable. D’ailleurs, à cet effet, nous rappelons que l’employeur est tenu d’adapter le travail à la femme et à l’homme, d’évaluer les risques et les combattre à la source comme cela est rappelé dans la directive UE1989, dans le Décret 82-453 et dans l’article L4 121-2 du code du travail dont il s’inspire.
Si elle réitère son opposition la plus vive à l’ouverture des lycées professionnels, la CGT Éduc’action de l’Académie de Clermont-Ferrand est consciente qu’un certain nombre de collègues seront présents dans leurs établissements pour assurer l’accueil des élèves. Elle les appelle à la plus grande vgilance et à se servir, si besoin, de tous les outils à leur disposition pour faire état de la situation. En effet, si les conditions de travail l’exigent, la CGT Éduc’action appelle l’ensemble des personnel.le.s à exercer leur droit de retrait (fiches pratique sur ce droit ici), à remplir le registre santé sécurité au travail (RSST, plus de renseignement ici) présent au sein de chaque établissement scolaire. Pour vous aider dans ces démarches, notre syndicat a mis à votre disposition des fiches pratiques pour vous guider et vous accompagner. La CGT Éduc’action refuse de brader la santé et la sécurité au travail pour nous comme pour nos élèves !
Enfin, nous rappelons que l’un des enjeux de la formation professionnelle, outre l’acquisition de gestes professionnels, est la prévention à la santé et à la sécurité au travail. Notre employeur se doit donc d’être irréprochable dans ces domaines et nous devons l’exiger. En effet, comment pouvons-nous transmettre cette exigence et sensibiliser nos élèves si nous renonçons à en exiger la mise en œuvre dans nos établissements ?
LA CGT ÉDUC’ACTION DE L’ACADÉMIE DE CLERMONT-FERRAND
SE TIENDRA AUX CÔTÉS DE TOUT.TE.S LES PERSONNEL.LE.S DANS L’ENSEMBLE DE LEUR DÉMARCHE.
N’HÉSITEZ PAS À NOUS CONTACTER !
LA SANTÉ DE TOUTES ET TOUS DOIT PRIMER AVANT TOUT !