La réforme des lycées professionnels est annoncée pour la rentrée 2023. Le président Macron en a annoncé les contours. C’est une véritable mise à mort de nos lycées professionnels.
Que contient cette réforme ?
L'augmentation de 50% des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) et leur dérégulation
– L’augmentation de 50% des stages va être une catastrophe pour nos élèves. Il est déjà difficile pour nombre d’entre eux et elles de trouver des stages (à cause de leur jeune âge, de leur manque de formation, de leur origine sociale voir ethnique, de la difficulté que rencontrent les entreprises à prendre des stagiaires…). Le doublement des stages va laisser encore plus d’élèves sur le côté sans aucun diplôme à la fin.
– L’augmentation de 50% des stages est inquiétant puisque les élèves seront envoyés en entreprise, “formés sur le tas” alors qu’ils n’auront pas acquis les gestes professionnels indispensables pour assurer des missions et garantir leur sécurité. Or, les accidents du travail sont plus importants lorsque les personnels sont mal formés.
– L’augmentation de 50% des stages, c’est aussi moins de besoin d’enseignant.e.s en matières professionnelles. Les enseignant.e.s de matières professionnelles seront directement menacé.e.s : fin de contrat pour les personnels contractuels, reconversion professionnelle par exemple au collège pour réaliser la technologie dans le cadre du dispositif “Avenir” … ?
– Les stages seraient organisés en fonction des choix de chef.fes d’établissement et des besoins des entreprises. Ainsi, ils pourraient se faire de manière différée, départ au fil de l’eau … Les différents scénarios évoqués menacent le statut même des PLP et laisse envisager une annualisation.
– De plus, les enseignements seront directement impactés, puisque l’idée de programme sur un an est intenable dans ces conditions et l’enseignement par compétences deviendra la norme.
L'adaptation des formations au bassin d'emploi local
Le président Macron établit un tri entre les filières qui débouchent sur un emploi et les autres, en estimant qu’il y a « trop de jeunes qui sortent avec un diplôme mais pas d’emploi ». « On laisse vivre trop de filières où il n’y a quasiment pas de débouchés », souligne-t-il. Cette logique d’adéquation absolue entre formations et besoins immédiats des entreprises locales est une vision à court terme. Cette vision restrictive de la formation professionnelle a des graves conséquences :
– La fermeture de certaines formations. Ainsi, nos élèves ne pourront plus bénéficier d’un panel de formations garantissant une équité sur le territoire et leur offrant le choix de leur avenir.
– Une carte de formation réduite aux débouchés et besoins locaux. Ainsi, les élèves pourront recevoir des formations différentes de la part d’une même entreprise en fonction de sa division territoriale du travail. De plus, alors que le lycée professionnel a pour objectif de former les élèves à une profession, les entreprises formeront les élèves sur l’exécution de tâches précises.
– Cette vision utilitariste des élèves est une vision dangereuse et à court terme. Former des personnels pour les besoins immédiats des entreprises ne prend pas en compte l’évolution de la société sur le long terme. Ainsi, qu’adviendra-t-il de ces futurs travailleurs.ses quand les entreprises n’auront plus les mêmes besoins ?
La casse des diplômes nationaux
– La mise en œuvre de cette réforme serait laissée à la charge du chef.fe d’établissement sous prétexte de l’autonomie des établissements. Ainsi, le cadre national des grilles horaires disciplinaires est cassé. C’est une rupture d’égalité qui est orchestrée.
– Les matières d’enseignement général ne sont évoquées qu’à l’aune des « savoirs fondamentaux « et des disciplines de français et de maths. Avec la transformation de la voie professionnelle, alors que le ministre Blanquer n’a cessé de répéter ces mêmes principes, le volume horaire du français et des maths a été divisé par 2. Quand sera-t-il avec cette réforme ? Renforcera-t-il la vision utilitariste de ces matières, utilisées dans les enseignements de co-intervention et de chef d’œuvre afin de soutenir les enseignements professionnels ?
– Qu’adviendra-t-il aussi des enseignant.e.s des autres matières jugées non fondamentales telles que l’histoire, la PSE, les arts appliqués, l’éco-droit, l’éco-gestion, les langues vivantes… ?
– Les annexes pédagogiques pour les PFMP seraient écrites par les entreprises. Ainsi, le diplôme ne sera plus un diplôme national mais un diplôme adapté à l’entreprise.
– Cette casse du diplôme s’accompagnera d’une sélection encore plus importante des élèves du lycée professionnel pour les études supérieures. Déjà aujourd’hui, nos élèves peinent à accéder aux études supérieures, cette réforme va leur fermer encore plus les portes.
Cette réforme veut se calquer sur le modèle de l’apprentissage (cf notre tract sur l’apprentissage) qui loin d’être une filière d’excellence est une filière sélective, difficile et non adaptée à la majorité de nos élèves.
Pour toutes ces raisons, nous devons être nombreuses et nombreux le mardi 18 octobre en grève et en action (dans la rue ou nos établissements) pour défendre nos professions, nos élèves et notre service public d’éducation.