À partir de cette année, le concours de recrutement des enseignant·es et des CPE a lieu en M2 à la place du M1. Les étudiant·es de M2 MEEF ont donc, depuis cette année, la possibilité d’effectuer une période d’alternance de 12 mois rémunérée à hauteur de 865 € brut par mois (environ 722€ net/mois) pour l’équivalent d’un tiers temps. « Possibilité » qui signifie en réalité une « nécessité » pour beaucoup afin d’éviter la trop grande pauvreté et/ou le recours à un « job » précaire pour compléter les revenus.
À cette précarité imposée par la réforme s’ajoute un problème de plus cette année : seuls 66 contrats d’alternance sont proposés par le Rectorat de Clermont-Ferrand pour 207 étudiant·e·s inscrit·e·s en M1 dans les parcours d’enseignement du 2nd degré et de CPE. Or une grande majorité d’entre elles/eux préfèrent en M2 l’alternance à la pratique accompagnée. Le Rectorat n’est donc pas en capacité de garantir un contrat d’alternance pour chaque étudiant·e qui le souhaite.
Les étudiant·e·s actuellement en M1 se mobilisent ainsi pour que le Rectorat respecte ses engagements et répondent aux autres inquiétudes des M2 MEEF notamment sur le besoin de proximité des lieux de stage, de travail, de résidence et de formation. L’Inspé de Clermont-Ferrand doit appuyer auprès du Rectorat les revendications exprimées par les étudiant·e·s.
Exigeons l’abrogation de la réforme de la formation initiale
La lutte légitime menée par les étudiant·e·s de M1 de l’académie de Clermont-Ferrand met en lumière les limites et les véritables objectifs de la dernière réforme de la formation des enseignant·e·s et des concours. Celle-ci ne vise en aucun cas à améliorer le recrutement et l’attractivité de nos métiers, comme le prouve le faible nombre de candidat·e·s et d’admissibles aux concours cette année. Qui souhaite (et peut) faire 5 ans d’études pour prendre le risque de passer un concours difficile pour une rémunération relativement faible et un futur emploi peut-être loin de chez soi ?
Cette réforme ne vise pas non plus à favoriser une entrée progressive dans le métier puisque les alternant·e·s se retrouveront en responsabilité sans y avoir été vraiment préparé·e·s. Enseigner est un métier qui s’apprend ! Les étudiant·e·s en alternance sont ainsi largement utilisé·e·s comme moyens d’enseignement pour pallier la pénurie de titulaires organisée par le ministère (7900 postes supprimés sous Blanquer dans le 2nd degré).
Elle n’ambitionne pas davantage de mettre fin à la précarité et aux inégalités dans la préparation aux concours. Le choix de l’alternance est trop souvent dicté pour des raisons financières, sachant que la pratique accompagnée est rémunérée elle aussi au lance-pierre (120 € par mois) et que les frais de transport sur lieu de stage/travail et de formation ne sont pas remboursés. La charge de travail demandée en M2 (préparation du concours et des cours face aux élèves, validation du diplôme) pèse plus lourdement sur celle et ceux qui ne peuvent y consacrer l’entièreté de leur temps et de leurs économies. Ne soyons pas dupes : cette réforme est aussi une opportunité inouïe pour le Ministère pour se constituer, avec des étudiant·e·s ayant déjà reçu une expérience professionnelle (même minimale), un vivier de contractuel·le·s en cas d’échec au concours.
N’oublions pas non plus qu’au motif de « professionnalisation », la réforme consacre la volonté ministérielle de passer d’une formation ou d’un métier de conception à celui d’exécutant·e sous l’autorité hiérarchique de l’Éducation nationale, avec moins de liberté pédagogique et une simple mise en œuvre des méthodes imposées par le ministère et les rectorats.
La lutte des étudiant·e·s de M1 de l’Inspé de Chamalières nous concerne toutes et tous. Soyons nombreuses et nombreux au rassemblement :
Mercredi 1er juin – 14h – devant le Rectorat
Des solutions existent ! La CGT Éduc’action revendique la construction d’un continuum de formation sur 5 ans avec :
• la préparation au concours en L3 (modules et stages) ;
• l’admission et l’admissibilité niveau L3 ;
• deux années de master rémunérées en qualité de fonctionnaire-stagiaire ;
• deux années de néo-titulaire dotées d’une décharge de service pour des compléments de formation.