J-M Blanquer : Trop c’est trop !

L’ouverture progressive des écoles et des établissements scolaires a débuté ce 11 mai. Faisant fi des préconisations du Conseil scientifique, censées orienter les discussions du Président de la République (C’est d’ailleurs lui qui l’a dit…) et de nombreux professionnels de santé, qui appelaient à une réouverture en septembre, le gouvernement a donc décidé, alors que le Covid19 continue de circuler sur l’ensemble du territoire d’ouvrir prématurément écoles et établissements scolaires au risque de faire prendre à nos enfants et à l’ensemble des personnels qui les accompagnent des risques importants.

Mais rassurons-nous, Jean-Michel Blanquer est là. Le grand scientifique Blanquer sait de quoi il parle. Après avoir présenté des protocoles sanitaires certes stricts mais largement contestables (Ils sont où nos masques FFP2 ?…) qui se heurtent à la réalité de terrain, Docteur Blanquer, auréolé d’un doctorat en médecine, inconnu de l’avis général, a donc décrété, main sur le coeur et dans la plus grande assurance que, les écoles étaient plus sûres que les foyers familiaux. Comprenons donc, enfin Jean-Michel Blanquer dira que nous n’avons pas compris, comme d’habitude, un enfant peut attraper le Covid-19 bien plus chez lui qu’à l’école. Les bras nous en tombent. Comment un ministre de l’Éducation nationale peut-il tenir des propos aussi stupides ? L’école serait donc subitement devenue une bulle dans laquelle tout virus, tout microbe et tout élément pathogène auraient disparu. Avouez quand même que les ambitions de Jean-Michel Blanquer pour l’école n’ont jamais été aussi grandes ! Cette phrase est honteuse car le ministre instrumentalisé certaines réalités (maltraitante…) afin de justifier sa politique. Il culpabilise les familles et les incrimine comme si elles offraient un environnement violent et insalubre à leur enfant. Docteur Blanquer serait aussi Super-Blanquer qui viendrait à l’aide aux plus démuni.e.s et aux déshérité.e.s. Trêve de plaisanterie, cette phrase montre à quel point notre ministre est aujourd’hui à des années lumières de ce qu’on pourrait appeler simplement le bon sens.

Le bon sens, la logique, l’évidence, diront certains, sont autant de mots qui ne font pas partie du vocabulaire de Jean-Michel Blanquer. Les salles de classes aujourd’hui ressemblent à des scènes de crimes figées tels des environnements particulièrement anxiogènes. Confrontés aux bâches qui recouvrent les étagères, aux panneaux interdits qui pullulent sur les murs, les enfants doivent suivre des chemins fléchés, les uns derrière les autres, parfois les mains en l’air. Dans la cour de récréation, lieu de l’insouciance, du défoulement, de la joie et du bien-être, ils/elles sont parqué.e.s dans des carrés, assis sur des croix le long d’un mur…Ils/elles voient au loin leurs copains et copines ne pouvant se mouvoir que dans 4m2. L’école du Covid n’est plus l’école. Dénaturée et anxiogène, elle effraie plus qu’elle ne rassemble.

La “Macronie”, dans ses grands et innombrables élans de communication a pointé l’intérêt social de retourner à l’école. Il existe, c’est une évidence mais ce n’est pas non plus une nouveauté. Jean-Michel Blanquer découvre, à la lueur de cette crise, les grandes inégalités sociales qui sont présentes à l’école. Mais qu’a-t-il fait pour les réduire ? Pas grand chose sinon rien…Pire, il a même contribué à les accentuer. Toutes les politiques qu’il a engagées depuis sont arrivée au Ministère n’ont cessé d’appauvrir le service public d’éducation. Toutes ses politiques ont trié les élèves, pointé du doigt les plus faibles et valorisé les plus forts. “L’école de la confiance” disait-il n’est en réalité qu’une vaste opération de tri social destiné à détruire, une fois de plus, une école déjà bien malmenée depuis de nombreuses années. À défaut de penser aux enfants, aux jeunes, le Ministre a préféré repeindre l’école de la République des couleurs exacerbées du libéralisme faisant des écoles et des établissements scolaires des entreprises. Ce n’est donc pas un argument social qui a poussé la réouverture des écoles mais bien une logique économique, qui, jusqu’à preuve du contraire, n’a jamais réduit les inégalités mais les a continuellement amplifiées.

Jean-Michel Blanquer, hissé au rang de “bon élève” par certains médias peu, pour ne pas dire pas, soucieux de porter un regard critique sur ses réformes, semblerait aujourd’hui en perte de vitesse, contredit plusieurs fois par Edouard Philippe et Emmanuel Macron. Après avoir engagé des réformes particulièrement destructrices pour le service public d’Éducation, après avoir méprisé continuellement les personnels et notamment celles et ceux qui s’opposaient massivement à sa politique éducative, après avoir fait preuve d’autoritarisme en bafouant le droit syndical et en n’hésitant pas à envoyer certain.e.s collègues devant la justice alors qu’ils/elles exerçaient leur droit, après avoir fait rentrer la police dans les écoles, mis des lycéens à genou et tolérer qu’on leur tire dessus au LBD, le ministre de l’Éducation nationale fait preuve aujourd’hui de la plus grande irresponsabilité. Il met en danger la vie de milliers d’enfants, de milliers d’agent.e.s et de milliers de familles. La CGT Éduc’action demande qu’il soit rendu responsable de ses actes face à un tribunal et qu’il soit démis de toutes ses fonctions !

Alors Monsieur Blanquer, si vous osiez, dans un mépris caractérisé, annoncer que votre porte était toujours ouverte, sachez qu’il est temps pour vous de quitter le Ministère de l’Éducation nationale et de la refermer définitivement derrière vous !

LA CGT ÉDUC’ACTION 63

Source photo : @lioneltop – www.twitter.com

CGT Éduc'action Clermont-Ferrand