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Lors de l’inauguration de la Cité internationale de la francophonie, Le Président Macron a déclaré sur un ton docte et paternaliste qu’il ne faut pas « céder aux airs du temps » s’agissant de l’écriture inclusive, puisque « dans cette langue le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y rajouter des points au milieu des mots ».
La Fédération CGT de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture dénonce un discours scientifiquement faux. L’exigence et la rigueur intellectuelle des enseignant·es chercheur·ses, ne peuvent être ainsi piétinées pour le plaisir d’un président à s’abandonner à sa vision patriarcale.
Non, Monsieur le Président, le masculin n’est pas neutre. Et si le masculin l’emporte sur le féminin comme l’exige encore la grammaire que vous défendez, il participe d’un système de valeurs qui n’est pas anodin. Nous n’allons pas ici vous rappeler qu’il est un des éléments constitutifs de la légitimité de la domination masculine, mais vous renvoyer aux analyses scientifiques que vos conseiller·es n’ont pas manqué de vous rapporter et dont visiblement sûr de votre fait, vous n’avez que faire.
La langue est porteuse des valeurs de ceux et celles qui la façonnent et qui la font loi. Les autrices et les auteurs sont nombreux·ses à s’être érigé·es contre le système de valeurs que vous défendez, et nous ne pourrons que vous conseiller de lire Olympe de Gouges, au programme de Français de Première encore cette année. Les valeurs que vous défendez sont celles qui autorisent les enfants à se construire dans un monde où la langue tue. Combien de mortes chaque année parce que le masculin n’est pas neutre mais l’emporte encore sur le féminin ? C’est la neutralité qui tue.
Contribuer à l’invisibilisation des femmes dans notre pays et défendre cette position dans la francophonie, c’est faire reculer les pays qui ont validé l’écriture égalitaire et laisser croire que seule la France décide de ce que doit être le Français. Mais c’est surtout montrer beaucoup de complaisance à l’égard de celles et ceux qui fantasment un chaos apocalyptique lorsque des êtres humains (et ici essayez donc d’écrire « Homme »), des féministes luttent pour le droit à l’égalité professionnelle et salariale.
La FERC CGT prend acte de ce phénomène analysé par la sociologie qu’est le retour de bâton (backlash pour les non francophones) et qui suit toute avancée des droits des femmes. La CGT est féministe : ses militant·es continueront à utiliser les points médians et à écrire leurs textes en écriture égalitaire. Elle soutient les droits des femmes comme ceux de toutes les personnes.
La prise de position idéologique et non linguistique du Président de la République trahit l’inquiétude de ceux et celles qui ont le pouvoir à l’égard des combats des femmes contre la domination masculine. Mais, si les préconisations d’un président parvenaient à faire loi, les syndicalistes féministes savent disposer de bien d’autres moyens pour faire avancer leurs droits à disposer de leur corps, à l’égalité salariale, à l’égalité professionnelle, et sauront bien exprimer leur colère à ce président réactionnaire et péremptoire, qui tire sans doute son aplomb d’une culture héritée de 400 ans de légifération neutre puisqu’uniquement masculine de l’Académie Française.
On songe alors à ce footballeur allemand, qui, pour avoir proféré des paroles sexistes à l’égard d’une arbitre, s’était vu condamner à des travaux d’Intérêt Général d’éducation scolaire au féminisme, et l’on se dit que certains en auraient bien besoin !
La FERC CGT exige que le Président de la République Française soutienne explicitement et dans les faits le combat des femmes pour l’égalité.
Montreuil le 31 octobre 2023