Courrier au Recteur et à la DASEN de l’Allier : conditions de travail, groupe de suivi de la situation, imputation des accidents de service…

                                                                               Monsieur le Recteur

de l’Académie de Clermont-Ferrand

Avenue Vercingétorix

63000 Clermont-Ferrand

Copie : Madame la DASEN de l’Allier

Monsieur le Recteur de l’Académie de Clermont-Ferrand

Nous vous adressons de courrier à propos des conditions de travail, de la santé et de la sécurité des personnels de l’Education Nationale, qu’ils soient en télétravail, sur site, volontaires dans les écoles accueillant les enfants de soignants, du médico-social ou des forces de l’ordre.

Tout d’abord et plus particulièrement dans le 2nd degré les collègues ont dû faire face à des problèmes techniques qui ont pris le dessus sur le contact humain et le travail pédagogique. Cela s’est illustré par des heures passées devant l’ordinateur sans aboutir au résultat recherché ; les cours convertis en deux, trois voire cinq formats différents sans être sûr·es du succès de la manœuvre ; les conflits à distance avec les paroles d’élève libérées par les cours à distance ne sont que des exemples des difficultés techniques qui sont quotidiennes. A la troisième semaine de confinement les collègues sont usé.e.s.
La solitude face au travail fait des ravages. Ils·elles sont déçu·es d’eux-mêmes, pensent ne pas être à la hauteur, n’en faire jamais assez surtout quand dans certains établissements le lien tient à un caractère injonctif. Comme par exemple des injonctions aux professeurs principaux de collecter des informations sur les pratiques de leurs collègues; injonctions à garder un lien téléphonique avec les élèves, les parents, les collègues, la vie scolaire, l’administration ; injonctions à suivre l’emploi du temps en classe virtuelle, à donner suffisamment de travail, à ne pas donner trop de travail. Les enseignants sont à bout. Ils craquent seul·es devant leur outil de travail. Ils craquent sans jamais le dire par peur d’être un·e mauvais·e professeur·e.

La peur règne parmi nos collègues. Peur du jugement des supérieurs hiérarchiques, administratifs. Peur des réactions des parents, des élèves, des collègues. La demande de continuité pédagogique se révèle être une obligation de résultat, les élèves doivent apprendre autant et aussi vite qu’en classe ! Nous sommes encouragé·es à faire notre maximum, à fortifier les relations, à nous dépasser et à faire toujours plus.  Alors les collègues en font encore plus, toujours plus. Ils·elles multiplient leur temps de travail, l’étendent à l’infini. Au détriment de leur sommeil, de leur bien-être. Ils·elles nous disent avoir peur de tomber malade dans un tel état de fatigue et de stress.

Dans le premier degré, on a pu remarquer des gestions totalement différentes selon les circonscriptions. Dans l’Allier, sur le secteur de Montluçon, la coordination est assurée par les IEN et les conseillers pédagogiques avec en appui les collègues des RASED, à Vichy ce sont les directeur.trice.s d’école en charge de l’accueil et l’organisation dans leurs écoles. Dans le Cantal il n’y pas de pôles d’accueil, des collègues peuvent se retrouver à accueillir seuls un enfant toute la semaine tout en assurant la continuité pédagogique pour les autres élèves.

Et ce ci n’est malheureusement qu’un état des lieux succinct et non exhaustif. Nous savons qu’un CHSCTd dans l’Allier est programmé le 16 avril précédé d’un GT qui s’est tenu 2 avril.

Nous émettons le souhait qu’un groupe de suivi sur les questions sanitaires, d’organisation du travail soit mis en place. Il ne peut légalement pas prendre la forme d’un GT car il exclu les organisations non représentatives localement. Mais il est en votre pouvoir de décider d’une réunion consultative et de suivi en cette période exceptionnelle.

Nous profitons de ce courrier pour vous demander comment les services de prévention (Médecin et ISST) ont été mobilisés tant pour répondre à la situation d’urgence des premiers jours mais également par rapport aux conditions sanitaires dans les écoles et Etablissements accueillant des enfants, la réflexion sur les conditions de retour. Par ailleurs à notre connaissance aucune réflexion ni consultation, ni production de document n’ont été engagés en termes de prévention concernant une nouvelle organisation du travail à distance.

Par ailleurs quelle sera la position du ministère si des collègues volontaires venaient à être touchés par le COVID, et plus dramatiquement à en succomber ? Est-ce que comme le ministère de la Santé ces personnels seront reconnus en accident de service ?

Dans l’attente d’une réponse et d’un avis favorable à la constitution d’un groupe hebdomadaire qui assure le suivi et la gestion de la situation, sur le plan académique mais aussi dans chaque département.

Veuillez agréer, Monsieur le Recteur de l’Académie de Clermont-Ferrand, l’expression de nos salutations distinguées.

                                                                                              Elena BLOND et Nicolas ROBIN

                                                                                                            CGT Educ’action 03

CGT Éduc'action Clermont-Ferrand